Chaque décennie engage l’industrie manufacturière dans une nouvelle conquête. Aux années 70, celle de la production de masse. Les années 80 furent consacrées, elles, aux gains de productivité. La décennie suivante fut marquée par la maîtrise de la qualité. Au tournant du second millénaire, c’était l’innovation produit qui devait sauver notre économie vacillante. Quelques années plus tard, le climat s’implanta définitivement au centre des préoccupations. 2020-2030 sera-t-elle la décennie de la responsabilisation, des industriels bien sûr, mais aussi de leurs clients ?
Depuis une vingtaine d’années, l’industrie court après l’innovation. Créer de nouveaux produits, de nouveaux services et, s’il le faut, de nouveaux consommateurs, de nouveaux besoins, de nouveaux désirs. Mais les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Si les pays émergents sont encore avides de biens d’équipement et de confort moderne, les consommateurs des pays industrialisés arrivent progressivement à saturation. Et la préoccupation environnementale qui grandit dans cette population constitue sans doute le signe d’un élan nouveau. Après faire plus, faire plus vite, faire mieux, faire plus propre, nous arrivons au mieux faire, voire au « faut-il faire » ? La « révolution 68 » nous a enjoint à prendre soin de nous-mêmes, individus inaliénables à un quelconque ordre moral, religieux ou économique. Il fallait plus de confort et paradoxalement plus de liberté. La « révolution verte » nous convie depuis quelques années à chouchouter la planète. Ne sommes-nous pas arrivés aujourd’hui à une révolution plus globale, « plus responsable » . Créer de nouveaux produits ne peut pas être une fin en soi. Il s’agit de savoir comment et où on les fabrique ? Pourquoi le fait-on ? A quel prix ? Et avec quelles incidences environnementales, sociales et éthiques ?
La table ronde que j’anime à l’occasion du salon Smart-Industries début décembre sur la simulation des process illustre en filigrane ce sujet. Après l’innovation produit, il s’agit désormais d’innover vis-à-vis de l’industrialisation de ces produits. L’adoption et l’utilisation judicieuse des logiciels de simulation de process est une première étape vers ce « mieux faire » …
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