La fabrication additive, désignée désormais sous une appellation générique d’impression 3D, est pour beaucoup d’observateurs la révolution technologique de la décennie. Elle bouscule les habitudes de travail, la manière de concevoir des objets, et même les organisations industrielles. Ne pourrait-elle devenir une opportunité pour que l'industrie française renaisse de ses cendres et prenne enfin la place qui lui revient ?
Utilisée initialement pour réaliser des prototypes, la fabrication additive devient en effet un procédé de fabrication à part entière. De plus en plus de secteurs d’activité l’adoptent pour produire des pièces fonctionnelles en faible série. Seb, par exemple, prévoit d’imprimer 20 000 pièces en 2017 pour satisfaire les besoins de son service après-vente. L’aéronautique, le spatial, le sport, la bijouterie, ou encore le médical suivent le mouvement. Bien sûr, l’impression 3D ne va pas remplacer les techniques traditionnelles d’usinage, formage, assemblage. Mais sa part de marché ne fait que croître. Car, si les procédés ne sont pas réellement nouveaux, en revanche leur intégration dans la chaîne de production l’est.
Tout reste à faire, et c’est une chance. En premier, pour les concepteurs de produits. Les formes réalisables en impression 3D ne sont limitées que par l’imagination. Ils doivent donc apprendre à maîtriser et exploiter cette nouvelle liberté dans les limites de chaque procédé (voir notre dossier en page 36). En second, pour les chimistes. Les quelques 200 matériaux plastiques, céramiques ou métalliques disponibles ne couvrent qu’une partie des besoins exprimés par les industriels. Enfin, si l’on voit apparaître chaque semaine de nouvelles machines sur le marché, elles sont souvent destinées au grand public ou au prototypage. A part le groupe Gorgé, l’offre française en matière de machines 3D de production est bien vide. Et l’industrie a soif de solutions plus productives, plus automatisées, minimisant les phases de post-production et plus économiques.
Je rêve de cet écosystème vertueux d’innovations qui favoriserait la naissance de champions tricolores de l’impression 3D. Ce serait en parallèle une occasion à ne pas rater pour relocaliser des productions parties depuis belle lurette vers des contrées lointaines. Revenir vers les circuits courts, un rêve d’écolo-bobo ?
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