Jamais l'industrie, notamment française, n'a été à un tel tournant de son histoire. Sur le plan technologique en premier lieu avec des avancées qui remettent en cause les habitudes de travail, les choix stratégiques des directions, et l'ordre que l'on croyait établi entre les acteurs historiques de chaque secteur. Les techniques à l'état de promesses il y a encore quelques années comme la 3D immersive, la fabrication additive, l'acquisition de données 3D (thème de l'un de nos dossiers), le BIM dans le secteur AEC, le Cloud, le big data, le HPC, l'usine numérique, etc. arrivent à maturité, ou n'en sont plus très loin. Pour ceux qui envisagent encore la technologie comme un outil, voire une solution, et non comme une diablerie cause de tous nos tourments, la situation est particulièrement enthousiasmante.
Même bouleversement sur le plan économique, avec un marché du travail en décrochage massif depuis plusieurs décennies, des crises qui se normalisent, et des entrepreneurs plus démoralisés que jamais. Une période où de plus en plus de voix s'élèvent pour remettre en question le modèle de croissance perpétuelle sur lequel nous construisons notre civilisation consumériste. Des initiatives sérieuses sont d'ailleurs mises en œuvre pour lutter contre la financiarisation de notre économie. Près de 2000 régions du monde notamment au Brésil ou Allemagne ont en effet relancé l'économie locale grâce à l'utilisation de monnaies régionales exemptes de toute spéculation.
Sur le plan politique, c'est également une période charnière. En France, tous les partis historiques veulent changer de nom. Après les lettres, les chiffres pour ceux qui souhaitent passer de la cinquième à la sixième République. Les "affaires" les plus délirantes se succèdent à un rythme qui laissent pantois nos plus imaginatifs scénaristes. Le mouvement d'alternance survenu avec François Hollande montre que le va-et-vient est souvent synonyme de sur-place, voire de perte totale des repères. De leur côté, les électeurs sont prêts à essayer à peu près n'importe quoi pourvu qu'ils y croient.
Finalement, tout est là justement pour rebattre les cartes du jeu. Rien n'est figé et si l'on se focalise sur l'industrie, l'histoire est parsemée de multinationales disparues en quelques années faute de stratégie adaptée, et de start-up à peine adolescentes dominant déjà leur marché grâce à des choix audacieux. C'est souvent dans les situations les plus critiques que les qualités d'un organisme se révèlent. Et la France n'en manque pas. Pour cela, elle doit cependant réapprendre une vertu qui précède l'action : la confiance en soi.
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