Que peut-on encore apporter à la 15e version d'un logiciel de CAO déjà mature ? Quelques nouveautés fonctionnelles bien sûr, mais surtout une réponse globale à de nouveaux modes d’utilisation, plus connectés, plus mobiles, et surtout plus simples en termes de collaboration.
Bien plus que la CAO
La CAO de papa, c'est dépassé. Il est loin le logiciel qui permettait simplement de modéliser en 3D sur son desktop ce que l'on dessinait jusque là à plat. La représentation tridimensionnelle ne constitue aujourd'hui qu'une partie seulement des capacités d'un logiciel de CAO moderne. Celui-ci-ci doit désormais être connecté, collaboratif et accessible en mode nomade quel que soit son terminal. Et puis, il doit couvrir tout le process industriel, depuis la phase conceptuelle, jusqu'à celle d'industrialisation, en passant par les étapes de simulation et de gestion des données produits.
Le lancement de la version 2015 de Solidworks n'enterre pas la CAO au sens propre bien sûr. Elle s'étoffe comme chaque version annuelle de fonctionnalités nouvelles, d'approches plus rapides pour aboutir à la « pièce juste », et d'une couverture métier plus étendue. Mais on sent bien que nous sommes à l'apogée de la productivité atteinte en CAO traditionnelle sur station de travail. Les efforts des développeurs portent d'ailleurs depuis plusieurs versions sur tout ce qui entoure le modeleur 3D originel, et notamment sur les modes d'utilisation de la CAO. C'est là que se trouvent les potentiels de gains les plus importants pour les entreprises en quête d'innovation.
L'ouverture sur 3DExperience
Illustration de cette démarche, Solidworks Mechanical Conceptual (SMC) est la première nouveauté disponible dans cette V2015 (voir encadré). Il s'agit d'un outil d'esquisse pour créer et tester le fonctionnement de mécanismes avant même d'avoir élaboré la moindre géométrie 3D. Il sera complété dans la version 2016 par SolidWorks Industrial Conceptual (SIC). Destiné, lui, aux designers, il permet d'étudier la forme et le style des produits, toujours en phase amont de l'ingénierie. Adaptés à une démarche type « essais-erreurs », ils adoptent tous deux une interface et une interaction très intuitives.
Grosse différence avec les logiciels de la gamme SolidWorks classique, SMC et SIC n'utilisent pas Parasolid, mais la plateforme 3DExperience de Dassault Systèmes. Un exemple de la perméabilité des développements entre la maison mère et Solidworks. SIC est notamment issu du logiciel Imagine & Shape de DS. Bien entendu, il est possible de récupérer des esquisses de SMC dans Solidworks, mais aussi d'importer dans SMC des éléments provenant de Solidworks. Comme l'explique le PDG Bertrand Sicot : « Nous aurons à partir de 2015 deux lignes de produits. Solidworks traditionnel fonctionnant sur PC Windows, et la seconde sous 3DExperience avec notamment ces nouveaux modules SMC et SIC. 3DExperience est une infrastructure compatible avec les modes Cloud, qui permet entre autres à plusieurs intervenants dispersés de travailler autour d'un même projet, de manière très transparente. Cette plateforme va d'ailleurs se généraliser à tous les logiciels de la gamme Dassault Systèmes. Mais que nos clients soient rassurés, nous poursuivrons les développements de la gamme Solidworks pendant encore de longues années ».
Ce n'est pas la fin du Solidworks que l'on connaît depuis maintenant près de 20 ans, mais un pas de plus vers la compatibilité avec l'univers V6 de Dassault Systèmes. Et surtout l'adoption de nouveaux modes d'utilisation de la CAO, plus sociale, mobile, et partagée. Notons d'ailleurs qu'à partir de Solidworks classique, comme à partir de MCD, on peut sauvegarder ses fichiers sur 3DExperience Collaborative Sharing, accéder à des modèles partagés et ceci depuis n'importe quel poste ou tablette connecté à la plateforme de Dassault Système et utilisant eDrawings.
Les nouveautés fonctionnelles
Les autres nouveautés majeures de Solidworks 2015 ? Ce sont principalement des modules supplémentaires intégrés ou payant en fonction du package choisi, Standard, Professionnel ou Premium :
– Model Based Definition (MBD) permet de stocker toutes les informations techniques de fabrication (PMI) au sein du modèle 3D éditable en PDF 3D ou à l'aide d'eDrawings. C'est la mise en œuvre d'une cotation 3D efficace et la fin des plans papier dans l'atelier, eDrawings étant disponible sur tablette numérique.
– Solidworks Inspection automatise l'édition de documents validant ou invalidant les cotes du modèle par rapport aux tolérances fixées. Une tâche particulièrement chronophage dont les entreprises s’acquittent le plus souvent manuellement. L'outil fonctionne à partir d'un modèle Solidworks, ou d'un plan scanné et traité par OCR. Il peut être employé également en sens inverse avec les données prises par un appareil de mesure numérique, voire une machine de mesure tridimensionnelle.
– SolidWorks Treehouse permet de créer des structures sous la forme d'un arbre d'assemblage très visuel. Sans aucune modélisation 3D, on peut ajouter ou supprimer une géométrie en croisant des pièces volumiques, des surfaces et/ou des plans au sein de cette arborescence.
– Solidworks Costing est un module calculant les coûts de production grâce à sa base de données matériaux (plastiques et métaux) et process d'usinage (constructions soudées pièces moulées, enlèvement de copeaux…). En cours de conception, Costing reconnaît les formes de votre produit, y affecte des techniques d'usinage et délivre un indicateur de coûts et de temps de production. L'outil fonctionne de la même manière que le module Sustainability d'éco-conception déjà présent dans la gamme Solidworks.
– Exalead On Part est un module de recherche de pièce existante. Il utilise un serveur spécialisé qui indexe toutes les pièces déjà conçues par l'entreprise et permet de les retrouver à travers des filtres sur les dimensions et la forme souhaitée. Une technique qui évite de refaire ce qui a déjà été fait ou son équivalent.
Gageons que des nouveautés seront annoncées à l'occasion du prochain SolidWorks World qui se tiendra en début d'année aux USA, et notamment l'intégration de SIC après sa phase de test en production auprès d'une vingtaine d'entreprises sélectionnées.
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