C'est la difficile mission de notre nouveau Ministre du "redressement productif". Invité d'honneur d'un séminaire de travail organisé fin juin, sur ce thème majeur, Arnaud de Montenbourg a dressé les grandes lignes de ce que l'on pourrait appeler sa feuille de route. Vous pouvez consulter la vidéo de l’événement sur notre webTV manufacturing.fr pour découvrir par vous même ce qui vous attend…
Reconnaissons avant tout le brio et la conviction de l'orateur vis-à-vis d'un sujet plus que difficile tant la situation de l'industrie française est délicate. D'ailleurs le constat d'Arnaud Montebourg est sans appel : 70 milliards d'euros de déficit extérieur, 750 000 emplois perdus en dix ans, et des dizaines de milliers d'entreprises détruites.
Son analyse des causes de ce marasme économique est en revanche plus que lacunaire. C'est essentiellement "la gourmandise du système financier et l'anglosaxonisation de notre système économique" qui, selon lui, ont rongé les mailles de notre tissu industriel. Soit. Il eu cette délicatesse de ne pas désigner directement ses prédécesseurs comme responsables.
Pour ranimer le moral des troupes industrieuses, le Ministre s'est ensuite lancé dans un plaidoyer vibrant autour d'un rassemblement autour du "patriotisme économique" et de la "renaissance industrielle" devenue "cause nationale" depuis les élections présidentielles. Pour lui, la "question industrielle est redevenue centrale" et il s'agit désormais de mener une réelle politique favorisant la créativité, la productivité et la compétitivité des entreprises françaises. Pour cela, on va voir ce qu'on va voir, car "pour la première fois, l'autorité du ministère du redressement productif est conjointe à celle du ministère des finances et pourra agir pleinement grâce aux agences de participation de l'Etat pour aider nos entreprises."
Le plan de cette politique industrielle tant attendue ? Un assemblage chatoyant de formules et d'invocations sans réelle colonne vertébrale, ni engagement sérieux ou stratégie globale un tant soit peu innovante. Quelques éléments de langage traditionnels pour flatter les uns et les autres comme la volonté de "réformer le système financier", d'améliorer les relations donneurs d'ordres – sous-traitants pour "chasser en meute", passer "d'un modèle libéral financier à celui d'un capitalisme familiale" et bien entendu s'appuyer sur les grandes conférences sociales à venir pour "débattre la question du coût du travail"… On citera également la volonté de créer des filières industrielles verticales soutenue par "une horizontalité territoriale" et le souhait de créer une Banque Publique d'Investissement destinée aux PME, un Oséo bis en quelque sorte dont on ne voit guère l'utilité. Bref, on fait à peu près comme avant en priant pour que les mêmes causes ne créées pas les mêmes effets…
Caricature? Peut être. Mais vous avez vu le temps qu'il fait ? Alors, le changement c'est quand ?
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