Ma voiture roule à 128 bits…
Fini la galère du permis de conduire, les PV routiers assassins, les capitaines de soirée frustrés, l’humiliation du créneau raté, les constats en bord de route, la mortalité routière à 4 chiffres, les mauvais cafés au petit matin dans les stations-services glauques, les noms d’oiseau à ce pourri qui vous fait une queue de poisson… Demain, nous roulerons tous, ou presque, dans une voiture autonome signée Google, Apple, Tesla ou Nespresso ! Vitesse régulée, intervalles conservés, respect scrupuleux de la réglementation routière, tout ne sera que fluidité et délicatesse automobiles. Bienvenue à Gattaca sur 107.7 Mhz.
Un vent de liberté soufflerait-t-il sur notre horizon automobile, fut-il lointain ? Que de bouleversements en perspective en tout cas…
Que faire de tous ces radars, de ces agents embusqués derrière une pile de ponts, de ces éthylotest agonisant dans nos boîtes à gants, du bonus/malus, de ces moniteurs d’auto-écoles, de ce permis à points, etc. ? Et que vont devenir nos Renault, Peugeot, Mercedes Benz, BMW, Audi ou Ford ?
Selon une étude de Morgan Stanley Research, une voiture est actuellement composée de 90% de hard et 10% de logiciel, A terme, les proportions seront de 40% de hard, 40% de soft et de 20% de contenus ! C’est une véritable révolution pour l’organisation des chaînes de valeur.
Si Google, Microsoft, ou d’autres acteurs de la sphère numérique décident de se lancer dans la bataille de l’automobile, la remise en cause de cette filière industrielle risque d’être très lourde. Et cela n’a rien d’impossible. Rappelons-nous qu’avant de commercialiser son IPhone, Apple n’avait aucun antécédent dans le domaine de la téléphonie mobile ! Et que les ténors de l’époque Nokia ou Ericsson ont quasiment disparu du secteur ou se sont fait racheter après une déroute complète ! Même constat dans des domaines différents avec les firmes Uber ou AirBnB.
Quelles placent occuperont alors les constructeurs automobiles que nous connaissons depuis plus d’un siècle pour certains ? Avec le modèle de la Google car, ils perdent leur statut de leaders de la filière, pour devenir… de simple sous-traitants. Et encore, si leurs propres équipementiers qui constituent aujourd’hui le gros de la valeur ajoutée d’une voiture ne prennent pas purement et simplement leur place. Comme on peut le voir avec l’association récente de Valéo et de Safran pour développer leur propre solution de voiture autonome…
Au tout début de l’automobile, les rares possesseurs de véhicules confiaient prudemment le pilotage de leur drôle de machine à un « chauffeur mécanicien ». Début du XXème siècle, nous nous sommes installées courageusement au volant. Un siècle plus tard, l’auto se conduit toute seule. Moi, j’attends demain, la voiture sans passager !
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