Nous étions 10 % en 2010 à travailler à la maison selon une enquête européenne, contre 15 à 20 % dans d’autres pays de l’Europe. Mais la crise sanitaire a rebattu les cartes. La proportion de télétravailleurs a grimpé à 25 % en France pendant le confinement. Depuis, la question du télétravail est sur toutes les lèvres, et dans les pages de notre dossier ce mois-ci. Se dirige-t-on vers une normalisation du home office ?
La question aurait pu paraître saugrenue il y a encore quelques mois. Le télétravail avait jusqu’à maintenant une image négative. Les directions d’entreprises sont en effet fortement ancrées dans une culture du contrôle et du présentéisme. Que ce soit dans les grandes entreprises comme dans les PME d’ailleurs. Seules les Start-up, et encore, échappent à la règle.
Il faut rester le plus longtemps possible au bureau pour prouver à sa hiérarchie son investissement dans son poste de travail. Les plus fourbes n’hésitant pas à tromper l’entourage en laissant leur veste en évidence sur leur chaise de bureau alors qu’ils sont déjà rentrés chez eux depuis belle lurette…
Pourtant les études récentes (Anact en 2015, Dares en 2016) montrent que la productivité en télétravail est souvent supérieure à celle obtenue au bureau. Et puis l’expérimentation grandeur réelle pendant le confinement l’a montré : le home office ça fonctionne ! Cela, malgré une mise en œuvre dans l’urgence, donc sans préparation. En outre, selon Malakoff Médéric, plus de 73 % des salariés qui en ont bénéficié sont prêts à poursuivre la démarche.
Bref, le télétravail a semble-t-il un bel avenir devant lui. Des grandes marques comme Facebook, Twitter, Siemens, ou PSA en France annoncent cette organisation comme stratégique dans leur développement. Si les entreprises peuvent faire des économies directes sur les mètres carrés de bureau et les frais généraux, les salariés, eux, s’évitent les transports en commun ou les embouteillages, et simplifient l’articulation de leur vie professionnelle et familiale. Enfin, pour la collectivité, moins de transport, c’est autant de gagner sur le plan écologique.
Evidemment, le télétravail n’a pas que des avantages. Vecteur d’inégalités, il n’est pas accessible à tous et n’entraîne pas les mêmes effets chez les salariés. Plébiscité par les uns déprécié par les autres, le télétravail implique une organisation rigoureuse pour les salariés et une refonte des techniques managériales des directions pour apprécier différemment le travail des employés.
Mais toute remise en cause peut être la source de progrès. Après la smart industrie et la smart city, je vois venir le smart working.