La revue Polytechnique de Lausanne détaille dans un article que nous résumons ici, une innovation assez incroyable de la part des scientifiques de l’EPFL. Ceux-ci ont mis au point un système basé sur l’intelligence artificielle capable de détecter une infection au Covid-19 à partir de l’enregistrement du son de votre toux !
L’application Coughvid est en cours de développement par cinq chercheurs de l’Ecole Polytechnique de Lausanne (EPFL). « Nous sommes partis d’une statistique de l’OMS qui rapporte que 67,7 % des patients atteints du Covid-19 présentent un symptôme de toux sèche. Aucun mucus n’est produit par l’organisme contrairement à d’autres infections. Et dans les cas du Coronavirus, nous constatons qu’il existe une décomposition très spécifique des fréquences émises lors de cette toux par rapport à quelqu’un en bonne santé ou atteint d’une autre maladie avec un symptôme de toux sèche » explique David Atienza, professeur à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Ingénieur, et directeur de l’ESL.
Les scientifiques ont ainsi analysé les toux de 30 000 volontaires dont 2 000 atteint du Covid-19 à travers le site en ligne de leur application. L’objectif était d’entraîner les algorithmes chargés du diagnostic. Fin 2020, la fiabilité de Coughvid dépassait 80 %. « Nous n’avons rien inventé. L’analyse du bruit de la toux a déjà fait ses preuves pour diagnostiquer la coqueluche ou encore la pneumonie. »
Pour D. Atienza, cette solution pourrait diminuer le nombre de test PCR nécessaires qui exigent la présence des patients, une organisation massive et restent coûteux. Reste à poursuivre la récolte d’échantillons de toux pour nourrir l’application et accroître son pourcentage de diagnostics exacts. Puis à convaincre les autorités sanitaires des pays à déployer largement cette application sur les smartphones de leurs concitoyens. Ce qui est loin d’être gagné en France vue leur frilosité à sortir du carcan de leurs propres procédures…
Ce projet n’est pas unique. Une équipe du MIT américain annonce avoir mis au point une application capable de diagnostiquer 98,5 % des cas avec moins de 6 % de faux positifs. Même auprès de patients asymptomatiques, leur modèle arriverait à détecter les personnes infectées avec moins de 20 % de faux positifs.
Les tests PCR ont en moyenne une fiabilité située entre 80 et 95 %, le pourcentage de faux positifs ou négatifs est difficile à déterminer à la lecture des articles spécialisés. Mais, cela montre que ce type de solution numérique trouve pleinement sa place dans l’arsenal de lutte contre la pandémie pour détecter au plus tôt les premiers signes de la maladie et prendre les mesures qui s’imposent.
Par ailleurs, « le fait que plusieurs modèles puissent détecter le virus dans une toux sèche suggère qu’il n’y a pas vraiment d’infection asymptomatique. Le Covid-19 provoque des modifications physiologiques qui impactent manifestement la façon dont une personne produit des sons », souligne Brin Subirana, directeur de laboratoire au MIT et co-auteur d’une étude sur le sujet publiée dans une revue médicale.