Le BIM fait l’objet d’une véritable effervescence technique et commerciale, tout en restant une composante majeure et incontestée de croissance et de durabilité pour l’une des plus importantes filières industrielles mondiales, celle du bâtiment et des travaux publics. Que s’est-il passé depuis Batimat 2011 ? Quelles sont les avancées notables mais aussi les tendances du BIM ?
La Grande-Bretagne en tête
http://www.bimtaskgroup.org.
La France n’est pas en reste
La France contribue à l’effort international, grâce au travail des industriels avec l’Afnor (commission PPBIM) et le projet OpenINFRA, premier du genre pour élargir le BIM normalisé au domaine des infrastructures. Par ailleurs, des travaux ont été entamés dans le cadre du groupe « Innovations » du Plan Bâtiment Grenelle en mai 2011. C’est ainsi que 28 propositions sont élaborées pour favoriser l’usage du BIM et des IFC. Mediaconstruct se veut une force de proposition pour des modifications de la loi MOP par rapport à la problématique BIM (avril 2012) : un premier travail conduit par Daniel Said (Bouygues), qui se poursuit à présent autour du thème dépôt de permis de construire. Le PUCA (Plan urbanisme, construction, architecture, un service interministériel) initie le groupe « Maquette numérique » dans le Prébat 2, plate-forme nationale de coordination et d’animation de la recherche publique sur l’énergie dans les bâtiments pour la période 2011-2015.
Parallèlement un nouveau groupe de travail sur le BIM voit le jour au sein du Plan Bâtiment Durable : Pierre Mit et Frank Hovorka doivent formaliser une méthodologie d’utilisation du BIM-IFC pour permettre une meilleure connaissance et appropriation de la maquette numérique par les propriétaires de bâtiments. Les aspects contractuels sont dans la ligne de mire du PUCA-Prébat2 qui a confié à Astus Construction la mission de constituer un corpus qui aura pour ambition de sécuriser les relations entre les partenaires d’un projet conçu en maquette numérique. L’Ademe, quant à elle, a retenu Mediaconstruct pour une étude des clauses intégrant le BIM et les IFC dans le cadre de marchés publics. Enfin, plusieurs clusters – Eskal Eureka, SE2E, le Pôle Alsace Energie Vie, Rhône-Alpes Eco-énergies ou encore Domolandes – ont choisi de développer des actions autour du BIM.
L’effervescence est donc palpable : les groupes de travail ou associations se multiplient sur le sujet, certainement parce que le BIM représente un créneau économiquement porteur, mais aussi parce que les pouvoirs publics donnent des signes d’intérêt positifs, dans la perspective du développement d’une stratégie nationale, s’inscrivant dans un mouvement Européen coordonné. www.eyrolles.fr
Bientôt un e-master spécialisé BIM
On le sait, pratiquer le BIM et les IFC, ce n’est pas inné : il faut acquérir les bons réflexes, au préalable travailler efficacement en 3D-objets avec les logiciels de calcul et de CAO, et ensuite apprendre à dominer une technologie et des méthodes (dont le travail collaboratif), en constante évolution. C'est pourquoi, des universités et des fédérations professionnelles de la maîtrise d’œuvre et de l’Ingénierie se sont associées depuis 2010 pour créer une formation spécifique utilisant les ressources combinées de l’enseignement à distance et en présentiel. Ce dispositif d’e-learning semble tout à fait approprié, non seulement en termes de modernité d’apprentissage, mais aussi par son rayon d’action illimité. L’enseignement lui-même s’adresse aussi bien aux étudiants des écoles d’architecture, d’ingénieurs et économistes de la Construction en fin de cursus universitaire, qu’aux professionnels en exercice.
C'est l’Ecole des Ponts (ENPC) qui en assurera la direction. L'université est d'ailleurs impliquée dans dans l’élaboration du cours à distance, aux cotés de l' Université Numérique (UNIT), du CSTB et de l’Université de Valenciennes (UVHC). Elle s'est entourée de partenaires, comme le CSTB, l’ENSG, l’ESTP, les Arts et Métiers, une école d’ingénieurs économiste, trois écoles d’architecture et leurs laboratoires : ENSAM (Marseille), ENSAT (Toulouse avec Bernard Ferriès), Paris Val-de-Seine … sans compter la participation active des entreprises déjà utilisatrices du BIM. D’autres partenaires se sont déjà fait connaître, comme l’Ecole d’architecture de Nancy. Ce premier noyau d’acteurs a fait appel pour un financement de démarrage à l’organisation uTOP-Idefi (université de Technologie Ouverte Pluri-partenaire, lancée en 2012), qui vise en effet à mettre la formation à distance à portée d’un large public.
Une certification nationale IFC pour les éditeurs
Pour la plupart des éditeurs français, obtenir la certification internationale représente une démarche compliquée et lourde. Par ailleurs, la certification par BuildingSMART International telle qu’elle est organisée actuellement n’est pas optimale. Les IFC sont le socle de l’openBIM puisqu’ils doivent permettre l’interopérabilité entre logiciels.Or, les possibilités d’interopérabilité ont été peu utilisées jusqu’à ce jour en France, et notamment par les architectes français. Egalement, les praticiens n’ont presque rien fait « remonter » aux éditeurs pour améliorer les IFC. De plus, la certification « globale » IFC telle qu’elle existe, trop souvent pratiquée dans le cadre d’échanges bipartites, a montré ses limites. A l’instar de la Norvège pour les logiciels de calcul thermique, l’idée de mettre en place une certification nationale a ainsi émergé.
Dans cette perspective, le CSTB va devenir une antenne locale de la certification des logiciels IFC. Les éditeurs seront invités à se familiariser avec les outils d’auto-validation comme le GTDS, un serveur de validation “syntaxique” de fichiers IFC développé par BuildingSMART International. Ils pourront également utiliser eveBIM (outil développé par le CSTB pour concevoir des maquettes numériques) pour la validation visuelle. La certification sera développée en langue française avec un référent local. De plus, une telle certification a plus de valeur pour les éditeurs nationaux dont les logiciels sont étroitement liés au contexte réglementaire et professionnel du pays. Enfin, il est prévu de “partitionner” cette certification pour que les éditeurs n’entament pas une démarche sur l’entièreté du logiciel (toujours plus lourde), mais sur les parties qui leur semblent les plus opportunes, spécifiques, réglementaires, etc.
Des scénarios d’échanges pour tester les IFC
Certifier des scénarios d’échange autour du BIM plutôt que des fichiers : telle est la piste développée par le collège Editeurs de Mediaconstruct – mené par Eric Lebègue et Frédéric Grand- dans le cadre de l’appel à projet TIC & PME 2015 conduisant à la certification de leurs logiciels. Ainsi, 5 scénarios d’échanges « tests » ont été définis :
- • Architecte > Bureau d’études – Thermique
- • Architecte > Bureau d’études – Structure
- • Architecte > Bureau d’études – Electricité
- • Architecte > Economiste
- • Maîtrise d’oeuvre et entreprises > Gestionnaire de patrimoine
Mediaconstruct s’appuie également sur les travaux du “User Group” international (UIG) de BuildingSMART qui a constitué une liste de 8 scénarios prioritaires sachant que 40 cas d’études ont été identifiés par les Américains. Les travaux se poursuivent actuellement.