Le plus haut hôtel en modulaire de la chaîne Marriott est en cours de construction sur la 6e avenue à New-York. Le projet s’est appuyé sur une démarche industrielle de la construction et à une approche full numérique de bout en bout.
La construction est en pleine évolution depuis une dizaine d’années. Les défis sont multiples. Il faut construire plus vite, mieux, plus propre, et fournir aux exploitants de ces bâtiments les outils pour les piloter efficacement tout au long de leur vie. Cad Magazine le souligne depuis fort longtemps, le secteur suit pas à pas les mutations rencontrées dans le monde manufacturier. En un mot, la construction s’industrialise. Cela passe bien évidemment par la digitalisation des différentes étapes de conception, de simulation, de recollement des différents métiers… et bien entendu de la construction elle-même.
Toutes les technologies ou presque adoptées dans le monde de la « mécanique » se retrouvent dans ce secteur, depuis le scan 3D, jusqu’au prototypage par impression 3D en passant par les objets connectés et le PLM devenu BIM au passage. […]
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STANDARDISATION ET APPROCHE MODULAIRE
Autre transformation, l’adoption de la modularité. Un exemple récent, l’hôtel AC Marriott de 168 chambres qui ouvrira bientôt ses portes à New York. Construit par Skystone, c’est l’hôtel modulaire le plus haut du monde avec 26 étages. L’idée est simple : construire en usine des chambres d’hôtel prêtes à l’emploi (finitions, meubles et équipements) sur un site en Pologne, puis les expédier à New York au moyen d’un seul bateau.
Le concept de construction modulaire ne date pas d’hier. La société Sears, Roebuck and Company a en effet déjà vendu des maisons modulaires il y a plus de cent ans. Mais depuis, les temps ont changé et le secteur de la construction évolue aujourd’hui rapidement. Il est passé des maisons modulaires et des méthodes analogiques traditionnelles aux tours commerciales et aux procédés numériques.
Plutôt que de construire à l’extérieur dans des conditions météorologiques peu clémentes, la construction s’effectue désormais à l’intérieur, ce qui permet de renforcer la sécurité, la qualité et la prévisibilité. Une approche adoptée depuis des lustres par l’industrie manufacturière.
Selon cette approche de Skystone, la construction des bâtiments est de meilleure qualité et près de 25 % plus rapide. Par ailleurs, les ouvriers sont en mesure de travailler plus efficacement dans un environnement contrôlé en amont sans avoir à travailler plus dur en aval. Cela signifie également moins de perturbations et de bruit sur le site.
Ce sont toutefois les promoteurs de l’hôtel, les franchisés et les marques avec lesquelles ils travaillent pour promouvoir leurs biens qui encouragent cette tendance en faveur de la construction modulaire. Dans cette perspective, le promoteur s’est fixé un objectif ambitieux : adopter une approche modulaire de la construction à hauteur de 25 % de son réseau d’hôtels à services limités en Amérique du Nord.
UNE DÉMARCHE FULL NUMÉRIQUE
Pour ce projet, Skystone a adopté une démarche numérique complète et largement fondée sur les solutions Autodesk : AutoCAD et Revit pour la conception, BIM 360 pour la gestion des constructions ou encore Assemble pour la préconstruction pour le Marriott.
Revit par exemple a été utilisé pour construire une bibliothèque de pièces paramétrables à l’aide du service KitConnect de ProjectFrog, fondé sur Autodesk Forge. Ces composants sont disponibles sur le cloud et peuvent être configurés en un modèle générique. Si un composant comme une fenêtre, par exemple, est modifié, la nomenclature de chaque module reste cohérente, car les modifications se propagent au modèle Revit et à tout autre outil le référençant, notamment BIM 360.
Skystone utilise également depuis peu Assemble. Pour l’instant, il s’agit d’identifier le moment où les matériaux sont arrivés sur chantier et les modules sont terminés. Grâce à cette approche, Skystone est en mesure d’établir des devis avec des prix détaillés pour la réalisation d’un hôtel similaire et différentes configurations de chambres en trois jours ou moins annonce le promoteur.
Quant à BIM 360, la plateforme Autodesk a été choisi parce qu’elle assurait une connexion complète des différents acteurs aux données du projet, à travers une vision globale et à jour de l’état d’avancement des travaux.
LE FUTUR ?
Lors de l’Autodesk University 2019 pendant laquelle Skystone témoignait, l’éditeur a abordé le sujet de la conception générative qu’il propose depuis plusieurs années. Un projet baptisé Refinery (voir p28) est d’ailleurs en cours pour intégrer cette fonction au coeur de Revit. Grâce à elle, un concepteur pourrait par exemple réaliser une étude de masse explorant les différentes solutions de répartitions des bureaux, espaces de réunion, accueil, etc. Avec pour objectif de minimiser les coûts et de maximiser la surface louable. C’est le logiciel qui calcule toutes les combinaisons possibles offrant le meilleur rendement, et propose des minivues 3D que l’on peut explorer pour faire le bon choix.
Notons également l’introduction de l’outil Dynamo Player au sein de Revit. Cet outil permet à quiconque d’exécuter un script pour automatiser des tâches même s’il ne sait pas coder ou utiliser Dynamo. Cela permet de créer des workflows automatisés facilement à partir de règles d’ingénierie et de les propager sur des ensembles, et de gagner ainsi un temps précieux.
A PROPOS DE L’AUTEUR :
Eryn Devola est vice-présidente chargée de la durabilité chez Siemens Digital Industries, où elle dirige le marché horizontal de la durabilité et gère la stratégie de durabilité rentable pour Siemens et ses clients. Elle fait partie de l’équipe Siemens depuis 2012 et son poste précédent était celui de directrice des ventes pour l’Amérique du Nord de l’entité Siemens Large Drive Applications. Au cours de sa carrière, elle a occupé des postes à responsabilité croissante dans les domaines de la qualité, de la gestion d’usines, des opérations et des ventes.
Eryn se passionne depuis longtemps pour le développement et la production de produits durables. Elle a bénéficié d’une bourse NFS pour poursuivre des études supérieures dans le domaine de la fabrication respectueuse de l’environnement et a ensuite appliqué ses connaissances dans de nombreux postes au cours de sa carrière. Elle est titulaire d’une licence et d’une maîtrise en ingénierie mécanique de la Michigan Technology University et d’un MBA de l’université de Louisville.