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DÉVELOPPEMENT DURABLE : L’ANALYSE DU CYCLE DE VIE EN ACTION

La deuxième édition de notre évènement Manufacturing Digital Innovation était consacrée au développement durable.

Voici le verbatim de la seconde tale ronde centrée spécifiquement sur les outils numériques et méthodologies permettant aux concepteurs d’être performants en la matière.

Trois participants à cette table ronde consacrée aux solutions numériques favorisant le développement de produits plus légers, moins énergivores, en un mot, plus durables…

  • Solène Laurent, référente écoconception au Cetim, Centre Technique des Industries Mécaniques
  • Xavier Adam, responsable des outils Sustainability chez Dassault Systèmes
  • Olivier Helterlin, Pdg de PTC France

Comme l’explique S. Laurent au début de cette table ronde, un produit éco-conçu se distingue d’un autre par son moindre impact sur l’environnement et cela sur tout son cycle de vie, et à performance égale.

« Les entreprises qui s’adressent au Cetim sur ce sujet sont des industriels de la mécanique qui recherchent une sensibilisation aux enjeux économiques et règlementaires, puis du soutien pour intégrer la démarche et maîtriser les outils lorsqu’elles sont convaincues de l’intérêt. Il y a d’ailleurs une explosion des demandes depuis environ un an, tous secteurs confondus »

SOLÈNE LAURENT, RÉFÉRENTE ÉCOCONCEPTION AU CETIM, CENTRE
TECHNIQUE DES INDUSTRIES MÉCANIQUES

Quelle est la perception du développement durable pour des éditeurs logiciels ?

Pour X. Adam : « C’est une vraie tendance de fond. L’éco-conception à travers ses logiciels d’ACV était jusque-là un outil de niche. Désormais, c’est un aspect indispensable pour la majorité des sociétés qui s’adressent à nous. Nous avons même créé une unité sustainability pour répondre aux demandes. D’ici 2025, nous souhaitons que 2/3 de nos nouveaux produits contribuent au développement durable, à travers la prise en compte des 17 objectifs définis par l’ONU sur le changement climatique. Un point important, il est indispensable d’établir une collaboration pour progresser, que cela soit entre partenaires industriels, entre le public et le privé, et entre fournisseurs et acquéreurs de technologies. La problématique du développement durable est complexe et nécessite une approche holistique. »

xavier adam
XAVIER ADAM, RESPONSABLE DES OUTILS SUSTAINABILITY CHEZ DASSAULT SYSTÈMES

Et pour un éditeur américain ?

O. Helterlin : « l’Europe est en avance sur le sujet par rapport aux USA. Mais PTC a récemment créé un poste de responsable sustainability aux USA, signe d’une réelle prise de conscience du sujet. Et nous avons tout un panel de solutions numériques qui apporte une réponse adaptée. Au niveau de la conception, du PLM, mais aussi de la boucle permettant de récupérer des données depuis les objets connectés, et même de la réalité augmentée diminuant les temps de cycle de développement. Et c’est désormais le marché, plus que la règlementation, qui vous sanctionne si vos produits ne sont pas au niveau en termes de durabilité. »

olivier helterlin
OLIVIER HELTERLIN, PDG DE PTC FRANCE

C’est quoi l’ACV (analyse du cycle de vie) pour le Cetim ?

S. Laurent : « c’est l’outil de référence pour évaluer les impacts environnementaux sur tout le cycle de vie d’un produit manufacturé. Nous avons développé notre propre solution : EcoDesign Studio. Ce logiciel innove avec un module d’ACV simplifié et structuré autour d’une démarche d’éco-conception propre à l’industrie mécanique qui fait d’ailleurs l’objet d’une norme européenne EN16524. L’outil intègre ses propres bases de données et est pré-paramétré pour être adapté aux PME qui se lancent dans la démarche. Une formation de deux jours, sur un projet d’entreprise, permet la montée en compétence et la maîtrise de l’outil. »

Quant à Dassault Systèmes, l’éditeur développe un nouvel outil d’ACV au sein de 3DExperience qui permettra l’analyse d’un produit, d’un process, ou de n‘importe quelle structure de données. « Il permettra une approche complète et collaborative entre métiers pour faire des choix matériaux, de processus, mais aussi d’organisation industrielle. L’objectif est aussi de le rendre le plus accessible possible, et cela le plus tôt possible dans le cycle. La seconde facette est de le coupler avec une analyse de coût pour faire les bons choix technicoéconomiques » rajoute X. Adam.

L’ACV reste le juge de paix pour quantifier les impacts environnementaux. Mais le représentant de Dassault Systèmes insiste sur le fait que les outils digitaux de modélisation et de simulation facilitent le choix de matériaux durales, de concepts plus modulaires et plus facilement réparables et, dès l’étape de conception, des processus industriels les plus vertueux sur le plan de l’environnement.

Point de vue partagé par O. Helterlin : « on peut citer trois niveaux de gains en termes d’impact sur l’environnement : le produit lui-même, les processus de fabrication, enfin la logistique des transports de matière, des collaborateurs, etc. Et je citerai trois technologies qui ont un impact immédiat sur ces différents aspects. Le generativ design qui permet de concevoir des pièces plus légères en exploitant l’IA. Volvo Trucks par exemple a réduit jusqu’à 75 % de certaines pièces mécaniques de ses camions. La FAO permet de son côté d’optimiser les process de fabrication, mais aussi les logiques de transport, voire le recyclage du produit, le tout très tôt dans le cycle industriel. Enfin, l’usage de la réalité augmentée permet des revues de design, de marketing, une simulation de la maintenance, le tout en virtuel et cela potentiellement à distance. Conséquence : moins de déplacements
de collaborateurs, de techniciens et d’experts, et moins de tests physiques pour aboutir au bon résultat. »
.

Sur le plan organisationnel de l’écoconception, S. Laurent explique la nécessité de mettre en place un référent dans l’entreprise autour d’une équipe pluridisciplinaire : bureau d’études bien sûr, mais aussi les achats pour choisir les fournisseurs, le marketing en relation avec les besoins clients, ou encore la logistique, le SAV…

« Une organisation qui rejoint d’ailleurs celle mise en place par les industriels pour basculer progressivement du produit vers le service et vers une économie circulaire » rajoute X. Adam. « Une nouvelle philosophie se met en place dans l’industrie. Exemple l’automobile avait jusqu’à maintenant des objectifs de rémunération sur la quantité de produits vendue, désormais, les constructeurs raisonnent en termes de marges principalement. »

L’accompagnement des industriels ?

Les éditeurs comme PTC et Dassault Systèmes travaillent pour cela avec les grands intégrateurs. Il faut non seulement maîtriser les outils, mais également renforcer la transversalité des métiers et processus des entreprises et de leur chaîne de sous-traitance. Le Cetim bénéficie de son coté d’une large implantation sur tout le territoire pour aider les PME à monter en compétence sur ces sujets, et cela à travers leurs propres projets.

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