Les 11 et 12 juin dernier se tenait la 14e édition du Forum Teratec, le symposium français devenu incontournable dans le domaine du calcul haute performance (HPC). A côté des 70 exposants se tenaient de nombreuses présentations stratégiques et techniques détaillant les enjeux de la simulation avancée et ses avancées techniques.
Pour Daniel Verwaerde, le Président de Teratec qui a inauguré les sessions plénières de ce 14e opus du Forum Teratec, le contexte est particulièrement porteur pour le HPC. « L’industrie se digitalise, les machines de calcul sont de plus en plus puissantes tout en étant plus accessibles économiquement, le big data facilite l’analyse de données avancée, enfin l’Europe a décidé d’en faire un axe stratégique de développement. Même les PME se saisissent du sujet et ceci dans de multiples secteurs (industrie, défense, sécurité…). Deux challenges sont face à nous pour couvrir les besoins : développer des machines Hexascale, et coupler la simulation et les données réelles (le fameux jumeau numérique). »
HPC : L’EUROPE VEUT RATTRAPER SON RETARD
Les enjeux du calcul haute performance exigent donc une double réponse : l’une européenne, l’autre locale. Bruxelles a ainsi nommé en 2017 la bulgare Mariya Gabriel « commissaire européen à l’économie et à la société numériques ». En parallèle, le programme EuroHPC lancé l’année dernière fédèrent aujourd’hui 28 états autour d’un partenariat public-privé afin de partager de futurs supercalculateurs. Le budget alloué est de 1,4 milliard d’euros pour 2019/2020 et 5 milliards sont prévus sur la période 2021-2016. « L’Europe consomme environ 1/3 des ressources mondiales de HPC et en produit moins de 5% ! » détaille Mariya Gabriel. « Nous ne pouvons laisser nos industriels et chercheurs traiter leurs données et calculs hors de l’Union européenne. C’est un enjeu stratégique pour notre compétitivité dans les domaines des nouvelles médecines, de l‘exploitation des ressources, le changement climatique ou encore l’intelligence artificielle et l’IOT » ajoute-t-elle.
L’objectif d’EuroHPC est donc d’acquérir d’ici 2022 deux supercalculateurs dans le Top 5 des machines les plus puissantes, et de développer une supply chain européenne pour en tirer parti à l’échelle du continent. Il est même question de développer un processeur de calcul made in Europe !
L’INDUSTRIE FRANÇAISE REDÉMARRE
La France s’implique également à son échelle. Le centre Joliot-Curie du CEA a ainsi récemment inauguré le troisième supercalculateur français. D’une puissance de 9.4 pétaflops, il devrait être boosté et atteindre 22 pétaflops (22 millions de milliards d’opérations par seconde) dès l’année prochaine. Les PME ne sont pas oubliées, même si elles doivent redoubler d’effort. « L’initiative Simseo que nous avons lancée il y a trois ans a déjà permis de sensibiliser 700 PME à l’intérêt de la simulation numérique. Et 360 d’entre elles ont bénéficié d’un accompagnement technique et financier pour intégrer un logiciel de calcul dans leurs process industriels » détaille Daniel Verwaerde.
« Le déclin industriel que notre pays connaît depuis une vingtaine d’années est enrayé depuis deux ans. De nouvelles usines sortent de terre et 250 000 offres d’emploi cherchent preneurs cette année.
Evidemment, l’écart avec l’Allemagne reste important en termes de balance commerciale, du taux de marge réalisé par nos entreprises, de leur taux d’imposition, et des exportations françaises dans l’UE en baisse. Regagner notre compétitivité nous prendra au moins dix ans ! Et il faudra faire des efforts à toutes les échelles : entreprises, régions, Etats et UE » annonçait Philippe Varin, Président de France Industrie lors de son allocution. « Sur le plan numérique, il y a urgence pour remonter dans le classement européen. Il faut construire des plateformes numériques par filières comme celles qui existent dans les secteurs aéronautiques et automobiles. Enfin, nous devons progresser sur trois plans : les compétences des salariés, l’appétence des jeunes pour l’industrie et l’accès à la formation. » […]