Le baccalauréat a plus de deux siècles. Belle invention que ce diplôme national sanctionnant la fin des études secondaires. Le mot sanctionné est sans doute un peu fort si l’on observe le taux de réussite l’année dernière qui atteignait 90.9% pour la filière générale. Il était de 50% en 1966… Une véritable sanction en revanche pour le portefeuille des contribuables. Le coût effectif de l’épreuve atteint 1.43 milliards d’euros selon le SNPDEN, le syndicat des chefs d’établissement, qui associe le coût de l’organisation et celui de trois semaines d’enseignement perdues.
Les chiffres du bac, c’est de toute façon le tournis assuré. Deux fois plus de candidats qu’il y a trente ans, 57 langues évaluées, 10% de mention « très bien », c’est-à-dire 13 fois plus qu’il y a 25 ans. Parfois, les réunions d’harmonisation de notes ne suffisent pas. En 2014 on avait noté une épreuve de mathématique sur 24 ! Et puis le bachot s’est modernisé, avec un choix d’options vachement sympas comme les arts du cirque, l’hippologie et l’équitation, la langue des signes, le VTT, le golf et même la pêche à la ligne, la lutte bretonne, et la pelote basque ! De quoi se rattraper aux branches, et pour 38 élèves de dépasser la moyenne de 20/20 l’année dernière…
Cet examen est devenu une machine folle pour répondre à cette obsession de nos gouvernements successifs d’amener 80% d’une classe d’âge au Bac (contre 20% en 1970). C’est une aubaine pour des entreprises comme Acadomia fondée en 1989 et déjà rentrée en bourse grâce à ses 100 000 élèves… Mais un massacre pour les bacheliers persuadés d’avoir un niveau suffisant pour aller en Fac. Une inspectrice expliquait récemment à un ami enseignant que le parcours idéal pour être boulanger aujourd’hui est d’avoir le bac puis une licence ou un master… Résultat : 97% des titulaires d’un Bac Pro s’y fracassent dès la première année, et 50% « seulement » pour les possesseurs du Bac Général. Dernier chiffre à mettre en parallèle : 150 000 élèves sortent chaque année du système scolaire sans le moindre diplôme ! Chercher l’erreur…
Bref, trop cher, trop peu sélectif, trop complexe à mette en œuvre et surtout véritable escroquerie pour les élèves, le Bac tel qu’il existe mérite de disparaître. Revenons à un véritable examen autour de quatre matières fondamentales comme le français, les mathématiques, l’histoire/géographie et les sciences, adoptons le contrôle continu, voire une combinaison des deux, peu importe. Ce serait le signal de départ pour revoir de fond en comble notre système éducatif. Les totems sont faits pour être renversés !
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