La troisième édition de notre évènement Manufacturing Digital Innovation était consacrée au cloud et ses dérivés dans le domaine industriel. Voici le verbatim de la seconde table ronde intitulée “le cloud pour la conception, la simulation et la collaboration”.
Deux invités étaient présents à cette table ronde dont l’objectif était d’entrer dans le détail du fonctionnement opérationnel des solutions désormais disponibles sur le cloud et sous la forme de service :
– Jérémie Bourdoncle, Senior Director, Strategic Partnership, Altair
– Philippe Caisson, Business consulting manager, Siemens Digital Industries Software
« Ce sont les outils de simulation qui sont les premiers à être exploités en mode cloud par nos clients, suivi par le PLM » explique Philippe Caisson. « Qui en plus y trouvent des fonctions de collaboration pour partager des données avec toute l’entreprise étendue ». « En outre le SaaS est une réponse immédiate en termes de puissance, de flexibilité et la possibilité pour les PME d’accéder à moindre coût à des outils de haut niveau, spécifiques à leurs domaines, et constamment mis à jour » rajoute Jérémie Bourdoncle.
Le logiciel sous forme de service
Le déport de logiciels dans un service cloud opéré par l’éditeur permet à tous les utilisateurs de bénéficier de la dernière version des services disponibles. « Mais cette évolution logicielle et la formation adaptée restent un choix contractuel de la part de nos clients, » souligne Philippe Caisson. D’ailleurs, dans le cadre d’un choix de type IaaS (Infrastructure as a Service), où l’utilisateur externalise seulement la plateforme, c’est lui qui conserve la maîtrise du versioning, un critère important dans certains secteurs comme l’aéronautique, par exemple, où la traçabilité et la capacité de lecture des développements doivent être conservées très longtemps.
Le cloud simplifie-t-il la gestion des licences ? Pour les utilisateurs des logiciels Altair, le cloud ne change rien. Les licences sont valables dans le cloud ou en local. « Depuis trois ans, les clients peuvent même pousser leurs licences depuis leurs propres infrastructures dans le cloud d’Altair. Lors de la crise Covid, cela a particulièrement facilité la vie des collaborateurs forcés de rester à la maison pour accéder à des ressources de calcul, souvent indisponibles en accès à distance avec les serveurs des entreprises » explique Jérémie Bourdoncle. Une continuité du travail partagée par Siemens qui offre la même possibilité à ses clients pour faire évoluer leurs licences internes vers le cloud, ou de mixer des outils On-Premise et d’accéder à des fonctions pure cloud. Dans ce cadre, le client signe un contrat de service avec les mêmes types de clauses, de garantie de services, d’intervention… que dans le cadre d’une solution On-Premise.
HPC : qui sont les utilisateurs ?
Le HPC en service cloud, qui l’utilise ? Des milliers de serveurs en réseau sont employés aujourd’hui par les constructeurs pour simuler les crash test automobiles, les impacts d’oiseau sur un avion, l’analyse structurelle d’ouvrages d’art, etc. « Un exemple, Safran Seat, qui conçoit tous types de sièges aéronautiques, a basculé en 2016 pour notre cluster de calcul HPC Hyperworks Physical Appliance. Celui-ci est déployé sous forme de location chez le client comme un cloud privé. Juste avant la crise Covid, les besoins en simulation se sont accrus puis ensuite ont diminués. L’équipementier a donc basculé en full cloud, l’offre Virtual Appliance, où la totalité du service est déporté chez un fournisseur choisi par Safran. Grâce à cela, les sites de notre client ont pu ajuster à la hausse et à la baisse les capacités de calcul et passer sereinement la crise sanitaire, les pics et les hausse d’activité » souligne Jérémie Bourdoncle.
Si Siemens passe par un spécialiste, Rescale en l’occurrence, pour la fourniture de services HPC à ses clients, il note que ses ressources sont particulièrement mises à profit pour la dynamique des fluides et les logiciels d’exploration de design. Donc des clients dans le domaine automobile notamment, avec un attrait évidement pour la flexibilité de ce type de solution par rapport à ses besoins.
L’impact de la crise Covid ?
La crise Covid a poussé les entreprises vers la mise en œuvre d’architecture cloud, les barrières psychologiques des DSI ont d’ailleurs sauté à cette occasion. Mais l’organisation multisite de plus en plus d’entreprises était déjà un moteur d’accélération de cette tendance avant 2020 déclarent nos invités. Et, côté startup, c’est la flexibilité et la simplicité de mise en œuvre de solutions SaaS qui a séduit ces structures où l’innovation prime.
Les inconvénients du cloud et les prérequis techniques à la mise en place du SaaS ? « Evidemment, il faut sécuriser l’accès entre le lieu de travail et le cloud lui-même » explique Jérémie Bourdoncle. « Dans le cas du HPC, c’est la chaîne utilisateur, entreprise, cloud qui doit être sécurisée pour travailler dans un mode mixte en calcul ». Philippe Caisson : « Nous avons mis en place une organisation baptisée CSM, pour Customer Support Manager, afin d’accompagner nos clients sur le cloud en mode SaaS. Ces experts s’assurent qu’ils suivent les bonnes formations et qu’ils utilisent la solution de manière optimale. » Quelques points négatifs peuvent être cependant remontés ajoute Jérémie Bourdoncle : « la consommation non-maîtrisée par l’entreprise, mais aussi ce que l’on appelle le shadow IT, où un département va sortir sa carte bleue pour accéder à un service cloud non validé par l’entreprise. Il faut cadrer l’usage et des exploiter les outils de contrôle que les éditeurs fournissent d’ailleurs. »
Soigner la bascule d’un monde à l’autre
La bascule du monde On-premise vers le cloud ? Pour Siemens, dans le cas d’outils auteurs, c’est transparent. En revanche, il faut une analyse et une préparation pour les logiciels transverses type PLM puisque l’on passe d’une configuration gérée en interne vers une solution totalement gérée à l’extérieur. « Quant aux solutions de simulations et de HPC, on peut travailler en parallèle sur les deux infrastructures, On-Premise et Cloud pendant un temps d’adaptation » souligne le représentant d’Altair. « Il est ainsi possible de ne déplacer que les données utiles pour le calcul dans le cloud. Et puis il s’agit de projet de transformation digitale qui peuvent bénéficier d’outils fournis par les opérateurs pour les grandes quantités de données, etc. Les éditeurs ont de leurs côtés des équipes en charge de ces projets de migration pour faciliter la tâche des industriels. »
Pour conclure, les clients Siemens et Altair progressent inexorablement vers le cloud en passant par une phase de cloud hybride qui devrait drée quelques années pour absorber cette phase de transition et la résistance au changement propre à toutes entreprises.