Poussés par la réglementation RT 2020 qui impose depuis le début de l’année la construction de bâtiments à énergie positive, les architectes doivent désormais intégrer dans leurs projets la production d’énergie solaire. Encore faut-il pour cela calculer leur impact énergétique le plus tôt possible…
Racheté il y a peu par Autodesk, le logiciel Spacemaker devrait faciliter la vie des architectes poussés à l’installation de panneaux solaires sur leur projets neufs. Il s’agit une plateforme d’analyse qui permet de calculer le potentiel de production d’électricité (exprimé en kWh/m²/an) de panneaux solaires installés sur les toits. La nouveauté cette année est la possibilité de disposer en quelques secondes de ces analyses, dès la première esquisse et donc de pouvoir les utiliser au fil des itérations de conception d’un bâtiment. Au fur et à mesure des décisions prises, le logiciel permet de décider l’inclusion ou non de panneaux solaires sur les toits des futurs bâtiments. Il existait déjà des outils de calcul d’énergie solaire mais ils étaient principalement utilisés lors des phases plus avancées d’un projet. Spacemaker est un logiciel utilisant l’intelligence artificielle et accessible sur le web à travers un abonnement annuel de moins de 4600 €.
Jean-Baptiste Watine, Directeur du développement pour la France et l’Europe du Sud chez Spacemaker explique : « Il était déjà possible de disposer dans Spacemaker d’analyses d’ensoleillement, de luminosité, de vent (pour la ventilation naturelle d’un site ou d’un bâtiment) ou même des études de microclimat. Ce nouveau paramètre permettra à nos utilisateurs de disposer d’un outil supplémentaire pour concevoir des projets compatibles avec la transition écologique et la résilience climatique. Notamment suite aux recommandations de la Commission Européenne de développer la production d’énergie solaire en Europe, en équipant les toits des bâtiments » .
Pour la France, l’enjeu est important, le pays étant en retard sur son objectif de 30 % d’énergie renouvelable à horizon 2030, et a fortiori en retard sur le développement de l’énergie photovoltaïque, qui ne représente que 2,7 % de la production totale (contre près de 8,6 % en Allemagne). Le logiciel proposé par Autodesk pourrait faciliter une inversion de tendance et contribuer au développement d’une énergie renouvelable.
Une production d’énergie verte sur des bâtiments iconiques
En analysant l’ensoleillement comme point de départ, la nouvelle fonctionnalité de Spacemaker calcule l’énergie solaire produite à chaque heure de l’année ; les calculs étant basés sur la surface du toit et corrigés selon l’efficacité des panneaux, la couverture du toit, l’orientation ainsi que l’angle des panneaux. En ajustant tous ces paramètres, il est désormais très facile de visualiser des scénarios selon trois niveaux d’hypothèse : faible, probable ou optimiste. A titre d’exemple, la Grand Arche de la Défense pourrait potentiellement produire jusqu’à 1 497 761 kWh/an, en supposant une efficacité de 15 % sur les panneaux et une couverture de toit de 60 % (à angle de 35° face au sud). Avec une consommation moyenne d’énergie en France d’environ 190 kWh/m²/an (en 2013), la Grand Arche de la Défense permettrait d’alimenter 7 882 m² pendant un an, soit à peu près 157 appartements (de 50 m²). Le grand toit plat est aujourd’hui utilisé en partie comme plateforme d’observation, mais reste en grande partie inutilisé.