Selon la Cour des Comptes, la France a connu une désindustrialisation plus sévère entre 2000 et 2010 par rapport à ses voisins européens. Suite au rapport Galois, les pouvoirs publics ont pris diverses dispositions pour redresser la barre. Avec des résultats contrastés, toujours selon la Cour des Comptes mandatée à nouveau pour dresser le bilan.
En effet, le secteur industriel a perçu près de 27 milliards d’euros par an de soutiens publics, hors prises de participation entre 2020 et 2022, contre 17 milliards d’euros par an auparavant. Le poids économique de l’industrie s’est stabilisé autour de 14 % du PIB entre 2011 et 2019 et a atteint 15 % du PIB en 2023 grâce au rebond du secteur énergétique. Celui de l’industrie manufacturière s’est stabilisé entre 10 et 11 % du PIB. La France, troisième pays industriel de l’UE, a connu une dynamique industrielle inférieure à celle de l’Allemagne et de l’Italie. Entre 2000 et 2019, la valeur ajoutée industrielle a augmenté de 20 %, de 61 % en Allemagne et de 28 % en Italie. La part de de l’industrie française dans les exportations européennes a diminué et le solde commercial avec les pays de l’UE s’est dégradé de 2012 à 2022. L’industrie s’est concentrée sur certains secteurs, l’aéronautique, la chimie-pharmacie et l’agroalimentaire ; la part de l’automobile et des produits électriques a reculé.
Les mesures prises depuis 2014 ont réduit les écarts de compétitivité coût des entreprises avec les autres pays européens. À la suite du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et de la réduction des cotisations sociales, le coût horaire du travail est équivalent à celui de l’Allemagne, dont l’industrie peut cependant s’appuyer sur un positionnement de gamme plus élevé. Le coût horaire demeure supérieur à celui de l’Italie ou de l’Espagne.
Des handicaps structurels grèvent la compétitivité hors coût. La contraction de l’industrie limite les capacités de financement de la recherche qui se traduit insuffisamment en innovations. Son image reste dégradée, ce qui nuit à l’attractivité des formations et des métiers. Pour réduire les tensions de recrutement, un dispositif durable de soutien à la formation des salariés de l’industrie devrait être défini en lien avec les branches professionnelles et les collectivités locales. L’amélioration de l’attractivité économique reste fragile. Les projets en France comportent moins de créations de sites qu’en Allemagne et au Royaume-Uni et l’environnement des entreprises peut encore être simplifié, notamment les délais d’autorisation des projets d’implantation industrielle.