Le secteur nucléaire est un domaine où les enjeux technologiques et environnementaux sont cruciaux. Pour progresser dans le domaine du traitement des déchets, l’Andra utilisera bientôt deux jumeaux numériques, l’un modélisant un site complet, le second simulant un procédé de traitement.
L’Andra est l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. Elle exploite dans l’Aube, deux centres, le Cires et le CSA, pour gérer près de 90 % du volume des déchets radioactifs français. L’organisme a missionné l’ingénieriste Assystem pour concevoir deux jumeaux numériques, l’un à l’échelle du CSA et l’autre à l’échelle d’un procédé industriel du Cires. Ce projet baptisé Ci2ANum est soutenu par différents partenaires technologiques (ATFF, Atis.cloud, Human Games, et Sparte). Il a récemment a été sélectionné par l’Etat comme lauréat de l’appel à projet du Plan de Relance pour l’industrie « Soutien à l’investissement et à la modernisation de l’industrie ».
Comme l’explique Jean Eudes Guilhot Gaudeffroy, Directeur Centre Ingénierie Digitale chez Assystem : « l’objectif est triple : optimiser l’implantation d’un nouveau centre de stockage, faciliter la maintenance et l’évolution des installations existantes, enfin améliorer le procédé industriel de tri de déchets nucléaires. Le modèle virtuel dont l’Andra disposera à terme avec ces jumeaux numériques permettra de progresser sur ces trois points, mais aussi de former des opérateurs et de faire des économies de coût de fonctionnement. »
Pour le CSA, la numérisation du site et la mise en place d’une approche 4D permettra d’étudier et d’optimiser les différentes options envisagées dans le cadre de la conception de nouvelles lignes d’ouvrage ou encore dans la construction ou le déplacement de bâtiments préexistants. Sur le Cires, c’est le procédé du traitement de fioles de scintillation qui fera l’objet d’une numérisation. Le traitement des fioles est réalisé dans une enceinte confinée (dite boîte à gants) dans laquelle sont installés les équipements nécessaires (poste de vidange, broyeur, centrifugeuses, poste d’évacuation des broyats, réseaux de collecte et d’évacuation des solvants, …). La numérisation permettra de faciliter les opérations de maintenance et l’évolution des équipements en fonction des opérations à réaliser.
Le projet n’en est qu’au démarrage. Il faut maintenant définir et mettre en place l’organisation, les processus, l’infrastructure informatique et technologique adéquate, pour être en capacité de créer deux maquettes numériques et d’exploiter ces modèles. Il contribuera ainsi à une montée en compétence dans les domaines du « Scan to BIM » (modélisation d’un bâtiment sur la base de son nuage de points), des data sciences, de l’intelligence artificielle ou encore de la réalité virtuelle/augmentée. « L’aspect le plus innovant est sans doute la connexion de la maquette numérique avec les données temps réel des procédés, des systèmes de contrôle/commande, etc. Nous devrons utiliser les capteurs déjà en place, en installer d’autres, et déployer la couche logicielle pour exploiter intelligemment toutes ces informations. Sur d’autres projets, nous avons déjà implanté différentes briques de cette chaîne digitale, mais jamais encore la totalité sur des projets d’infrastructures » conclut Jean Eudes Guilhot Gaudeffroy.
La fin du projet Ci2ANum est prévue pour fin 2024.