Le secteur industriel connaît aujourd’hui deux transformations majeures : la digitalisation et la transition écologique. Les services R&D et les bureaux d’études intègrent ainsi progressivement des outils et des méthodes innovantes, visant notamment à rendre les entreprises industrielles plus agiles et à réduire leur impact environnemental. En 2030, ces nouveaux savoir-faire se seront généralisés et constitueront le cœur des processus de développement de nouveaux produits.
Antoine Labuche, Directeur commercial chez 9altitudes France (ex-Ad Ultima Group) partage sa vision sur ce sujet.
Une étude de marché data-centric
La compréhension des besoins de clients potentiels est l’indispensable première étape du développement de tout nouveau produit. Alors que l’industrie 4.0 tend à valoriser l’ensemble des données relatives aux produits tout au long de leur cycle de vie, il devient particulièrement décisif d’exploiter cette matière première pour mieux appréhender les attentes réelles des clients finaux. En 2030, l’internet des objets et ses réseaux de capteurs livreront de précieuses informations sur l’usage de milliards d’objets et de machines, la fréquence et les modalités de leur utilisation, leurs besoins de maintenance, leur durée de vie, etc. L’analyse et l’interprétation de ces données constituera alors un moment décisif pour le développement de nouveaux produits plus performants et mieux adaptés aux besoins de leurs utilisateurs.
Prototypage en réalité virtuelle
La création d’un prototype constitue une phase centrale du développement d’un nouveau produit. C’est également très souvent l’une des phases les plus couteuses et les plus chronophages. Mais ce moment-clé est en train d’être progressivement transformé par l’intégration des techniques de réalité virtuelle et de réalité augmentée. Les outils de CAO les plus innovants permettent en effet de créer des simulations accessibles à l’aide de dispositifs de réalité mixte à travers lesquels des prototypes virtuels peuvent être observés, manipulés et déformés dans les mêmes conditions que leurs équivalents matériels. Cette virtualisation du prototypage permet d’accélérer les processus de recherche et développement, de minimiser les coûts associés aux itérations matérielles, mais elle ouvre également à de nouvelles façons de collaborer. En 2030, les outils de réalité virtuelle permettront d’accéder depuis n’importe quel point du globe à des univers virtuels propres à chaque entreprise : les métavers. Deux ingénieurs situés à des milliers de kilomètres pourront ainsi collaborer en temps réel sur un prototype comme s’ils étaient dans la même pièce et disposaient des mêmes outils techniques. L’expertise industrielle sera alors parfaitement accessible à tout moment et en tout point du globe.
L’optimisation environnementale
Au cours des vingt dernières années, les industriels de l’ensemble des secteurs ont connu une profonde prise de conscience environnementale. L’écologie de la sanction, exclusivement motivée par des contraintes légales et réglementaires, est ainsi progressivement remplacée par une écologie de l’innovation, qui voit les entreprises rivaliser d’inventivité pour réduire l’impact de leur activité et de leurs produits sur l’environnement. En 2030, ce processus sera considérablement plus avancé et aura modifié chaque étape du développement des produits. Chaque choix de conception sera ainsi évalué prioritairement en fonction des paramètres qui définissent l’impact environnemental des produits : durabilité, consommation de ressources lors de la production, consommation d’énergie totale au cours du cycle de vie, capacité de recycle ou de réemploi, etc. Une mutation qui devra s’appuyer sur une connaissance précise de l’ensemble des données écologiques du produit tout au long de son cycle de vie.
En 2030, le processus de développement de nouveaux produits aura ainsi été profondément transformé par la valorisation des données opérationnelles et des données d’usage. Il y a également fort à parier que cette mutation aura un impact direct sur la vie quotidienne de milliards de consommateurs. Car adopter les principes de l’industrie du futur ne demande pas simplement des entreprises qu’elles adoptent les technologies les plus innovantes mais bien qu’elles les mettent à profit pour concevoir des produits plus adaptés aux enjeux de demain.