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LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE L’HÔPITAL DU FUTUR

La santé n’est pas un secteur habituellement abordé dans nos colonnes. Mais d’une part elle concerne tout le monde. Et d’autre part, toutes les technologies digitales, ou presque,
utilisées dans le secteur manufacturier constituent le socle de la médecine du futur.
Petit tour d’horizon de l’hôpital du futur…

En décembre 2020, le symposium américain « Mayo Clinic 2030 : Hospital of the Future » a abordé les différentes technologies digitales qui vont transformer la médecine hospitalière. La Mayo Clinic est une fédération hospitalo-universitaire et de recherche américaine de réputation mondiale.

Mark Wehde, président de la division d’ingénierie de la clinique Mayo, a exploré la numérisation des soins de santé et comment elle pourrait conduire à des soins plus centrés sur le patient. « Nous sommes au début de la quatrième révolution industrielle, celle des plateformes numériques. Le secteur de la santé passe d’un modèle de soins traditionnels centré sur l’hôpital à un modèle de soins distribués plus virtuels qui exploitent les dernières technologies en matière d’intelligence artificielle, d’analyse de données, de génomique, de soins de santé à domicile, de robotique et d’impression 3D de tissus et d’implants. »

LES DONNÉES : L’OR DU 21ÈME SIÈCLE

Cette transformation numérique dépendra en partie des fameuses datas. « L’analyse de toutes les données d’un dossier médical électronique typique permettra d’orienter les soins de manière beaucoup plus efficace. Nous allons utiliser des appareils portables pour suivre l’état de santé des patients et prédire leur évolution. L’intelligence artificielle sera utilisée pour la reconnaissance de pathologies à partir d’imagerie médicale et offrira un soutien notable pour les radiologues. Les patients bénéficieront d’appareils d’auto-contrôle bon marché. à domicile. Nous pourrons combiner toutes ces informations avec des données financières, voire leur évolution tout au long de la vie des patients, afin d’apporter des changements de traitement à la volée » s’enthousiasme Mark Wehde.

Toutes ces possibilités sont le résultat du développement de capteurs communiquant sans fil (IoT), de la nanotechnologie et de la miniaturisation continue de l’électronique. « Il est désormais possible de connecter ensemble appareils numériques personnels, appareils médicaux, implants et autres capteurs. Les patients peuvent télécharger des données sur le cloud, et la télésanté leur permet de les transmettre aux médecins pour des diagnostiques à distance » rajoute-t-il.

Reste une difficulté : tirer parti de cette avalanche de données, plus de 2 zettaoctets de données déjà amassés par le secteur de la santé. Cela en tenant compte de l’hétérogénéité des sources, de leur complexité, de leur confidentialité et de la gestion de leur propriété ! Seule une intelligence artificielle peut aider les spécialistes à cette tâche.

hopital du futur

LA FABRICATION ADDITIVE AU SERVICE DES PATIENTS

Les exemples d’utilisation de la fabrication additive en médecine sont nombreux. Dès 2006, elle était employée pour fabriquer des modèles 3D des organes de siamois pour préparer l’intervention chirurgicale de leur séparation. L’hôpital Mayo Clinic fabrique 3000 modèles par an pour guider les chirurgiens dans leur travail, mais aussi les orthopédistes pour concevoir de nouveaux implants. Les prothèses et orthèses sont d’ailleurs l’une des applications principales de la fabrication additive dans le secteur médical. Des entreprises comme le grenoblois Chabloz Orthopédie a intégré la technologie dans ses services pour produire toutes sortes d’appareillages personnalisés pour les patients. Le marché mondial des dispositifs d’impression 3D médicaux devrait générer plus de 2 milliards de dollars de revenus d’ici la fin de 2024, selon Mark Wehde.

3D

DES ROBOTS CHIRURGIENS

Jusqu’à maintenant la chirurgie robotisée se résumais principalement à une assistance des chirurgiens. « A l’avenir, ces systèmes seront beaucoup plus autonomes. Nous verrons probablement un chirurgien dans un centre de santé surveillant et dirigeant des chirurgies dans le monde entier. » L’avènement de la 5G et donc de capacité de transmission quasi-instantanée d’informations garantira la précision indispensable à ce travail à distance.

Il faut également tenir compte de l’évolution sociale de la profession. Mark Wehde : « aux USA, d’ici 2032, les études de prospective annoncent un manque de 85000 professionnels de santé dû à la complexité de la formation, au vieillissement de la population et des départs à la retraite. Nous devons donc repenser la formation des médecins et les soignants et la façon dont nous fournissons des soins, car ce n’est tout simplement pas un modèle durable. »

LES SOINS À DOMICILE

Enfin, le praticien de Mayo Clinic entrevoit un développement de l’hôpital du futur au domicile des patients à travers un parcours de soins continu entre les deux lieux et à tout moment où cela est nécessaire.

« Une continuité de la prise en charge, loin du modèle actuel centré sur l’hôpital, avec un plus grand accent sur la prévention et l’intervention précoce », a-t-il ajouté. Mais le changement sera un véritable défi à relever. « Les soins médicaux reposent sur un système compliqué avec des duplications inutiles, de longues attentes et des connaissances désorganisées. En outre, le dispositif actuel est prévu pour les soins épisodiques, alors que la plupart des maladies sont chroniques »

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