Parmi les leaders du marché mondial du petit électroménager, le groupe SEB amplifie depuis plus de 20 ans ses efforts d’éco-conception. Résultat : ses produits intégreront plus de 50 % de matériaux recyclés d’ici fin 2023 !
« S’il est bien un groupe industriel où le développement durable fait partie de l’ADN, c’est SEB, puisque Antoine Lescure, son fondateur en 1857, était un rétameur qui donnait une seconde vie aux ustensiles en fer blanc en les réparant », explique Juliette Sicot-Crevet, directrice développement durable du groupe. Un engagement qui n’a pas faibli depuis 165 ans, puisque le groupe a adopté l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) depuis plus de 20 ans et pratique l’éco-conception au quotidien sur l’ensemble de ses marques (SEB, Moulinex, Tefal, Calor, Rowenta, Krups…).
« L’éco-conception est au centre de tous les échanges dans le groupe dès que l’on aborde le développement durable. Il faut donc une organisation qui soit fluide, bien maillée et bien coordonnée, parce que ce n’est pas l’affaire d’une seule personne. C’est pyramidal, cela part de la volonté du groupe. D’ailleurs mon poste, qui était rattaché aux Ressources Humaines, est maintenant directement sous la responsabilité du Président, Thierry de La Tour d’Artaise, pour instiller une nouvelle dynamique et faire avancer les choses encore plus vite. Ensuite, toutes nos équipes l’on adoptée et l’intègre au quotidien dans leurs activités respectives. »
Les 4 piliers du développement durable chez SEB
« Nous avons formalisé dès 2018 une stratégie développement durable suivant quatre axes dont les premiers effets seront mesurables dès 2023, même si certains nouveaux produits, tels ceux de la gamme Eco-Respect, sont déjà sur le marché depuis septembre dernier. Pour ce qui est de la trajectoire carbone, on s’inscrit dans un temps plus long, avec des objectifs à 2023, mais aussi à 2030 et à 2050 pour la neutralité carbone. »
Le premier pilier concerne tout ce qui est actions pour le climat et la biodiversité. « Nous avons mené par exemple un projet de bio-éthane sur notre site de Is-sur-Tille, qui va permettre aux habitants d’utiliser cette bioénergie, car nos capacités vont au-delà de nos besoins. Mais, autant pour le climat on peut se reposer sur des méthodologies internationales robustes et scientifiques, telle Science Based Stargate, autant pour la biodiversité on est toujours à la recherche des bons indicateurs clés de performance (KPI). » Le deuxième pilier tourne autour des personnes avec un socle éthique (respect des droits de l’homme, achats responsables, inclusion par l’éducation, réinsertion par le travail…).
Les deux autres piliers portent sur l’économie circulaire et l’aide aux consommateurs pour adopter des comportements durables. « Des domaines où l’éco-conception de nos produits est primordiale. Cela concerne aussi bien l’adoption de matériaux recyclés et la frugalité énergétique, que le fait de les rendre réparables au juste prix, voire de leur offrir une seconde vie, avant de leur recyclage ultime. Mais cela peut aussi aller jusqu’à envisager la modification des scénarios d’usage, avec une utilisation partagée et locative. »
Ainsi, grâce à l’éco-conception, le groupe SEB a fait passer la réparabilité de ses produits de 10 à 15 ans. De même, la part moyenne de matériaux recyclés dans les produits atteint aujourd’hui 34 %. « Nous montons même jusqu’à 65 % pour certains des produits de la gamme Eco-Respect, tout en garantissant l’innovation et le maintien voire l’augmentation des performances, de la qualité et de la durabilité. Globalement nous avons comme objectif d’atteindre 50 % de matériaux recyclés à l’horizon fin 2023. Mais attention, si l’éco-conception, c’est faire pareil ou mieux avec moins, le but c’est aussi que ce soit au juste prix, c’est-à-dire à iso-prix ou avec un différentiel qui soit acceptable par le consommateur. »
Eco-concevoir : faire mieux avec moins au juste prix
Tous les personnels des bureaux d’études, de la production et de la logistique ont eu une sensibilisation ou une formation à l’éco-conception. Ils sont aidés au cas par cas par des spécialistes internes ou des consultants extérieurs lorsqu’il s’agit d’expertises très spécifiques. « L’ACV est l’un des outils d’éco-conception que nous utilisons depuis 20 ans. Si elle ne fait pas tout, elle permet de prendre conscience des points les plus impactants sur la consommation en ressources, ce qui nous aide à définir les objectifs à atteindre, en termes de réduction de matières neuves, de performance énergétique et d’émission de CO2, qu’il s’agisse du produit, de son usage ou de sa fabrication. »
Une trajectoire écologique qui fait face en permanence à des vents contraires, notamment depuis la pandémie du Covid et la guerre en Ukraine, qui ont réduit les disponibilités et fait exploser les coûts des matières premières et de l’énergie. « C’est pourquoi nous avons les yeux rivés sur nos indicateurs pour ajuster tous les mois notre production et notre logistique, afin de tenir nos engagements. Les événements actuels rendent cette tâche encore plus difficile, mais on ne lâche pas l’affaire, car c’est souvent dans l’adversité que l’on trouve des ressources insoupçonnées. »
Offrir une seconde vie aux produits
Mais outre la réparabilité grandissante de ses produits neufs, le groupe SEB entend aussi proposer ses produits en seconde main, dans une approche similaire à celle des constructeurs automobiles. Pour cela, il récupère les produits que les clients veulent remplacer, les vérifie et les remet en état, avant de les proposer en ‘‘occasion’’ à prix réduit. « Nous avons pour cela signé un partenariat avec le groupe Ares, spécialisé dans la réinsertion, et ouvert à Paris en décembre 2020, RépareSeb. On y forme des personnes en réinsertion au métier de réparateur du petit électroménager du groupe, et on commercialise les produits remis à neuf en tant que seconde main. » Une réparabilité qui est aussi soutenue par un écosystème de plus de 6 800 réparateurs agréés dans le monde et le maintien d’un stock de près de 8 millions de pièces détachées, avec le recours à la fabrication additive pour recréer les moins courantes.
Une réparabilité qui est vue par le groupe SEB comme un gage de développement durable. « C’est parce que nous avons éco-conçu nos produits qu’ils sont durables et réparables, et que nous nous engageons dans leur revente en seconde main. Nous prenons le pari que l’on va réussir à être pertinents, crédibles et légitimes sur ces deux volets de notre activité. »